9 mai 2021 : nouvelles solidarités, nouveau modèle de développement
À l’heure où, tirant les leçons de la pandémie, nous devons tous ensemble nous efforcer de rebâtir une Europe meilleure, les mots que Jacques Delors prononça au Sommet de la Terre, à Rio, en 1992, prennent une résonance particulière.
« Le concept de développement durable nous invite à réapprendre la valeur des biens collectifs, des ressources communes, a retrouver le souci du long terme. »
Il s’agissait déjà de tenter tous ensemble de bâtir un monde meilleur, de lutter contre le changement climatique, pour la sauvegarde de nos forêts et de notre biodiversité, et à travers l’Agenda pour le XXIème siècle, de mieux lutter contre les inégalités entre nations et à l’intérieur de nos sociétés.
Au retour de Rio, Jacques Delors nous demanda de l’aider à dessiner avec lui le nouveau modèle de développement qu’il souhaitait pour l’Europe. Ses idées ont été exposées dans le chapitre 10 de ce qui peut être considéré comme son legs peu de mois avant son départ de la Commission, le Livre blanc sur la croissance, la compétitivité et l’emploi » sous-titré « Des défis et des pistes pour entrer dans le XXIème siècle ».
Dans ce chapitre intitulé « Pensées sur un nouveau modèle de développement pour la Communauté », il expose son analyse des déséquilibres à la base tant du chômage que de la surexploitation des ressources naturelles et les voies pour en sortir. On y trouve entre autres un rééquilibrage de la fiscalité qui devrait moins peser sur le travail et davantage sur les ressources naturelles pour inciter les opérateurs économiques à leur donner leur juste prix et à les épargner. On y trouve la nécessité de donner un prix au dioxyde de carbone, de mettre en place une économie circulaire et la nécessité de mesurer différemment la valeur ajoutée et la croissance.
Beaucoup de ses idées n’ont vu le jour que bien plus tard et souvent affaiblies comme la taxe sur le CO2 que sa Commission avait proposée dès 1992 et qui a fini par déboucher des années après, faute d’unanimité au Conseil, sur le système européen d’échange de quota d’émissions (SEQE ou ETS). La philosophie d’ensemble qui fondait ses propositions a dû attendre le Pacte Vert pour se trouver enfin au cœur de l’action publique de l’Union européenne.
Le plan de relance post COVID par son ampleur exceptionnelle et sa contrainte bienvenue de 37% des investissements destinés à accélérer la transition écologique contient de bonnes bases pour servir d’accélérateur à la transformation plus que jamais nécessaire de notre modèle de développement.
Assurons-nous que les États membres, la Commission, le Parlement, la société civile et les entreprises ne ratent pas cette formidable occasion de s’engager sur la voie proposée par Delors il y a près de 30 ans.
Saisissons cette occasion unique avec détermination. Il n’est pas trop tard!
Cela dit, l'équipe d'Europe Jacques Delors et moi-même espérons que tout le monde a passé une bonne journée de l'Europe.
Sincèrement,
Geneviève Pons
